Promenade estivale Nature/Histoire à La Forêt du 23 août 2019

Un reportage




 

Histoire La Forêt

 

Bonsoir à toutes et à tous,

puis je me permettre de demander : qui d'entre vous a 50 ans ?

Félicitations, c’est exactement l’âge de notre domaine La Forêt.

 

Comment est né ce domaine ?

Il nous faut retourner en 1967.  Les frères Roosens de Tarciennes, propriétaires de cette partie de la forêt, l’ont divisé en parcelles, avec l'accord des autorités locales. Les frères Roosens ont vendu ces parcelles surtout aux travailleurs de la métallurgie à Charleroi. Ainsi ceux-ci pouvaient profiter des weekends et des vacances dans le bon air de la forêt.

 

Remarquons que les frères Roosens ont fait la même chose dans le cas des Valisettes et à Brûly de Pesche et autres. Je pense que cela leur a apporté pas mal. Plus tard un juge déclarera le lotissement et la vente de ces parcelles illégale.

 

En 1969,  il y a donc un demi-siècle,  les premiers habitants sont venus, la plupart avec une caravane.

Il n’y avait rien, ni routes, ni électricité, ni eau.

Les premiers habitants se sont organisés en asbl. Ils ont eux-mêmes construit les routes et les réseaux d’électricité et d’eau, sans intervention de la Commune ou d’autres autorités. Ils ont donc tout payé eux-mêmes.

 

Encore aujourd’hui cette asbl gère les routes et les réseaux d’électricité et d’eau, sans intervention de la commune, bien que les propriétaires paient des taxes comme tout le monde.

 

Dans les années '70 en '80  de plus en plus de gens ont décidé de s'installer en permanence à La Forêt. Ils ont obtenu de la Commune le permis de lotir et le permis de bâtir et de se domicilier.

 

Mais le problème reste qu’on se trouve en zone de loisirs. Par conséquent on n’a pas droit aux subsides pour rénover sa maison, la Commune n’intervient pas pour les routes etc., Inasep ne fait que contrôler la qualité d'eau potable et depuis 2016 la  domiciliation ne se fait que de manière provisoire. Cela provoque des problèmes au moment de prêt bancaire qui souvent  est refusé. On se sent considéré comme des citoyens de deuxième rang ...

 

Aujourd’hui, à La Forêt, il y a environ 350 personnes en habitat permanent, une bonne centaine vient les weekends ou pendant les vacances.

 

Pour l'entité Philippeville 12 % de la population vit dans des zones de loisirs.

 

Fin 2017, il y a presque deux ans, le Gouvernement wallon a décidé de régler cette situation afin que les habitants des zones de loisirs soient des citoyens comme les autres. Le Gouvernement wallon a alors présenté une nouvelle zone : la zone d’Habitat vert.

 On attend encore la décision définitive du Gouvernement wallon, prévue pour fin de cette année ou début de l’année prochaine.

À partir de ce moment la transition pourra se faire petit à petit en collaboration entre la commune, les domaines et les impétrants.

C’est alors que La Forêt deviendra un vrai village.

 

Nous vous invitons donc à découvrir notre village à venir. Nous l'organisons dans le cadre du projet 'Protégeons le caractère forestier de notre village'. 

Votre guide Nature est Angélique.

À mi-chemin nous arriverons au monument du Maquis de Neuville-Senzeilles où vous aurez quelques explication sur ce groupe de résistants de la Seconde Guerre mondiale.

 

De retour ici les enfants présents recevront une affiche avec des oiseaux que l'on trouve ici. Pour plus d'informations sur La Foret et son histoire, sa faune et sa flore, nous vous dirigeons vers notre site web et page Facebook dont vous recevrez l'adresse chez André tout comme les affiches.

 

De retour ici, on passera un moment en toute convivialité autour d'un verre et un paquet de frites de Chez Adri qui est venu spécialement pour vous.

 

Bonne promenade.



Présentation générale du biotope et de l’écosystème au Village La Forêt

 

Le Village de la Forêt se trouve dans la région de la Fagne.

Cette région, délimitée au sud par la Calestienne (région calcaire) et au nord par le Condroz, est caractérisée par un sous-sol composé de shale*, avec des effleurements calcaires (principalement des biohermes)*.

Ces roches datent de 385 millions d’années (période du Frasnien (Dévonien supérieur) (1).

Au niveau de La Forêt, on trouve principalement du shale. Celui-ci est bien visible dans le bas du domaine le long de la ligne de chemin de fer.

 

Le sol est composé principalement d’argile.

Contrairement à l’Ardenne, dont le sous-sol est principalement composé de grès* silicieux, notre sol n’est pas très acide, ce qui donne un sol riche et propice à une assez grande diversité de plantes.

 

Question : Peut-on faire son potager sur ce type de sol ?

Réponse : Oui, l’argile donne un sol riche en nutriments pour les plantes. Cependant il ne peut pas être cultivé comme on a l’habitude de le faire « traditionnellement » (retourner la terre etc.).

Il est nécessaire d’aérer la terre sans la retourner et bien évidemment de le pailler (pour éviter le durcissement suite au gel ou au dessèchement).

Les plantes racines sont plus difficiles à faire pousser, mais possèdent par contre un goût plus prononcé que sur un sol plus meuble et moins riche.

 

Comme on peut le constater, le Village La Forêt s’est développé au sein d’une chênaie-charmaie, écosystème principal dans la région de la Fagne.

Les arbres y ont été exploités en taillis-sous-futaie, le taillis étant principalement composé de chênes et la futaie étant composée principalement de charmes.

 

* shale : roche sédimentaire formée à partir d’argile, se présentant sous forme de feuillets

* calcaire : roche sédimentaire formée à partir des organismes possédant des parties formées de calcaire (coquillages, coraux, coquilles, … ). Les biohermes (boules de calcaire) se sont  formés à partir du développement et de l’accumulation de structures semblables aux récifs coraliens.

* grès : roche métamorphique formée à partir d’argile.

 

(1) Pour se donner une idée de l’ancienneté des roches, une ligne de l’histoire évolutive des espèces peut être intéressante :

- 480 Ma :       Apparition des premières plantes terrestres

- 445 Ma :       Extinction ordovicienne (85 % des espèces disparues)

(- 415 Ma :      Age des roches au niveau de l’Ardenne)

- 400 Ma :       Apparition des 1ers insectes

(- 385 Ma :      Age des roches au niveau de la Fagne)

- 370 Ma :       Extinction du dévonien (75 % des espèces disparues)

- 252 Ma :       Extinction Permien-Trias (95 % dela vie marine et 70 % de la vie terrestre)

- 230 Ma :       Apparition des dinosaures

- 220 Ma :       Apparition des mammifères

- 200 Ma :       Extinction du Jurassique

- 160 Ma :       Apparition des oiseaux

- 135 Ma :       Apparition des plantes à fleurs

- 66 Ma :         Extinction du Crétacé-Tertiaire



Petit concert de Sidney Deleye (et fils ), Pipe Corporal du Field Marshal Haig’s Own Pipes & Drums. Ils jouaient sur demande la chanson 'Amazing Grace', laquelle fut enregistée par une participante.


Le problème des scolytes

 

Comme on peut le constater, des épicéas ont dû être coupés récemment dans le domaine.

Actuellement, un gros problème se pose au niveau des plantations d’épicéas, suite à une infestation de scolytes.

 

Le scolytes est un insecte de la famille des coléoptères (comme la coccinelle ou le scarabée), et qui se nourrit de bois malade et de bois mort.

Il existe différents différentes espèces de scolytes, inféodés à des espèces d’arbres différentes.

Ce sont des insectes très importants, car ils participent à la dégradation et au recyclage du bois mort dans la nature. D’où vient donc cette prolifération ?

 

- On a implanté l’épicéa pour des raisons économiques (beaucoup de mon-cultures notamment). Or ces arbres ne sont pas bien adaptés au climat de nos régions. Or, avec les changements climatiques, les épicéas sont plus affaiblis, souffrant de sécheresse à certaines périodes.

Un arbre affaibli, déshydraté ou malade est non seulement moins résistant aux attaques diverses (il ne sait pas mettre en place les mécanismes de défense nécessaires), mais en plus produits des phytohormones qui attirent les scolytes.

Notons également que les monocultures facilitent le développement des insectes et la contamination aux autres arbres.

 

- Enfin, les scolytes ont un cycle de reproduction variable en fonction du climat. En effet, un climat plus chaud accélère l’arrivée à maturité des insectes.

 

Comment reconnaît-on un arbre attaqué par les scolytes ?

- dessèchement de la cime de l’arbre

- petits trous au niveau du tronc d’arbre

 

Que faut-il faire ?

Quand on constate la présence de scolytes, la loi prévoit un délai de 2 semaines pour abattre et évacuer les arbres atteints.

Il est également conseillé de surveiller les autres épicéas à proximité afin de vérifier tout signe d’infestation.

 

Questions/réponses

 

Question : Est-ce la même chose que ce qui attaque les buis ?

Réponse Les buis sont attaqués par un insecte de la famille des lépidoptères (papillons) : la pyrale des buis.

Cet insecte, introduits involontairement en même temps que les buis asiatiques importés pour décorer les jardins (car moins cher que le buis indigène) est devenu une espèce envahissante.
La chenille se nourrit des feuilles de nos buis. Venant d’ailleurs, l’espèce n’avait pas de prédateurs et a détruit une bonne partie des buis européens, ceux-ci n’ayant pas développé de système de défense face à ces insectes inconnus.

ATTENTION : On constate que nos oiseaux insectivores mangent à présent les chenilles de la pyrale. Malheureusement, ceux-ci étant abondamment pulvérisés d’insecticides par les propriétaires, de nombreuses nichées meurent empoisonnées indirectement, les oiseaux nourrissant leurs petits avec ces chenilles contaminées.

 

Question : avez-vous des gros animaux sauvages dans les bois ?

Réponse Nous avons effectivement des gros animaux dans le bois, tels que le sanglier et le chevreuil et le renard.

Nous n’avons pas de cerf, ceux-ci se trouvant soit dans en Ardenne, soit dans le Brabant.

Je n’ai encore jamais vu de trace de blaireau.

 

Question : Avez-vous beaucoup d’espèces d’oiseaux dans le domaine ?

Réponse Nous avons beaucoup d’oiseaux dans le domaine.

En effet, nous nous trouvons dans une chênaie-charmaie, avec des parcelles d’épicéa. Nous nous situons également à côté de prairies et avons des étangs dans le domaine et à proximité.

On se retrouve donc avec une belle variété d’espèces présentes.

Plus d'infos sur la Faune à La Forêt.

 

Question : Est-ce que les personnes qui habitent dans le domaine sont sensibles à leur environnement et cherchent à le préserver ?

Réponse Beaucoup ne semblent pas y être sensibles. C’est pourquoi nous avons lancé notre projet d’activités sur le thème « préservons le caractère forestier de La Forêt ». Nous espérons ainsi sensibiliser les personnes qui ne le sont pas déjà, et apporter des informations complémentaires à celles qui sont déjà intéressées par leur environnement mais ne savent pas toujours quels sont les comportements/gestes à avoir pour l’aider et le préserver.





L'Allée des Écureuils



Le Maquis

 

En février 1943 un petit groupe de résistants s'est installé  dans le bois Daffe ici tout près, notamment à l’étang qui se trouve par là. Les résistants ont bâti une petite baraque et à partir de là ils ont entamé des sabotages de trains de transport. Le groupe était une division du Groupe G de sabotage, actif partout en Wallonie.

 

Beaucoup de gens de la région les aidaient pour leur nourriture et vêtements, surtout l’ancien bourgmestre de Senzeilles Julien Lehouck et sa famille.

Les résistants utilisaient le chemin de fer pour se déplacer. Ici en face il y avait la station Neuville-Sud de la ligne 132, c’était parfois un va-et-vient de résistants.

 

En septembre 1943 un B17 américain fut abattu  à Cerfontaine. Un des aviateurs  fut sauvé grâce au Maquis et la famille Lehouck. Mais quelques résistants du Maquis avaient tué trois soldats allemands qui gardaient l’avion.

 

C’était trop pour les Allemands.

 

Fin 1943 ils ont su ce qui se passait dans le bois, ils ont mis en place une observation pour savoir qui aidait les résistants.  En plus il y avait  une taupe au sein du Maquis, un ancien garde SS flamand.

 

Les Allemands  se sont vengé pour les trois soldats.  En février 1944 1000 soldats allemands furent rassemblés à la Place d’Armes à Philippeville pour se diriger vers le bois pour attaquer les maquisards. Un chasseur allemand survolait la forêt en mitraillait sans arrêt.

 

Presque tous les maquisards furent arrêtés, un ou deux ont pu se sauver.

59 personnes qui les aidaient furent arrêtés également, la plupart déportés dans des camps de concentration. 23 y sont morts. La femme de Julien Lahouck fut aussi transportée dans un camp de concentration mais elle est sortie vivante. Après la guerre elle est devenu bourgmestre de Senzeilles.

 

Et le sort des 11 maquisards arrêtés et Julien Lehouck ? Ceux-ci furent jugés devant un tribunal et pendus à Breendonk. Aujourd’hui une salle leur est consacré ; les photos de tous ces résistants pendus sont exposées en permanence.

 

Les noms des maquisards et quelques-uns des camarades tués sont inscrits dans le monument ici, malheureusement on ne peut presque plus lire leurs noms.

Ce monument fut inauguré juste après la guerre en 1946 et rénové en 2000.

 

Plus d'infos ? Lisez notre dossier 'Le Maquis de Neuville-Senzeilles' :  https://villagelaforet.jimdo.com/maquis-neuville-senzeilles-1/

 

Le monument du Maquis de Neuville-Senzeilles. En honneur des maquisards pendus, un enregistrement de la chanson 'Amazing Grace' par le Pipe Corporal Sidney Deleye (voir plus haut) fut joué. Voici une version de 'Amazing Grace' par le Field Marshal Haig's Own Pipes & Drums sur YouTube : https://www.youtube.com/watch?v=w7lOZpKdMUY.



 

Informations complémentaires (non communiquées lors de la balade) :

 

A. Le chêne

L’espèce principalement représentée au niveau de La Forêt est le chêne sessile.

Les glands sont sessiles (pas de pédoncule) et les feuilles possèdent un pétiole assez long (en général plus de 10 mm de long). On constate parfois des traces d’hybridation avec le chêne pédonculé (pétiole court, glands pédonculés et plus allongés).

Notons que cette capacité d’hybridation entre espèces est un atout considérable pour le chêne. En effet, les espèces ayant des besoins et des tolérances différents (tolérance au froid, à la chaleur, à la sécheresse, à l’accès d’humidité… ), le fait de s’hybrider leur permet de plus facilement s’adapter aux changements climatiques actuels.

Le chêne sessile supporte bien la sécheresse mais craint l’excès d’eau.

Les sols argileux ayant tendance à se dessécher rapidement, le chêne sessile supporte plus facilement les périodes de sécheresse que le chêne pédonculé.

Espèce semi-héliophile

Taille : ± 35m

Longévité : 500 à 1000 ans

Fleurs : arbre monoïque (possède des fleurs mâles et femelles sur le même arbre), fleurs en forme de chatons

Fruits : akènes (les glands).
En temps normal, une chêne produit des glands plus ou moins tous les 5 à 10 ans. Cependant, on constate que depuis quelques années les chênes produisent des glands presque tous les ans. Cela traduit un stress élevé au niveau des plantes. Le fait d’en produire plus souvent permet d’assurer une progéniture plus importante et donc d’augmenter les chances de survie de l’espèce.

Utilisation : bois de charpente, menuiserie, ébénisterie, tonnellerie, bois de chauffage

 

 

B. Le charme

Espèce sciaphile (pousse à l’ombre)

Taille : ± 20m

Longévité : 100 à 150 ans

Fleurs : arbre monoïque (possède des fleurs mâles et femelles sur le même arbre), fleurs en forme de chatons.

Fruits : akènes entourés d’une bractée en forme d’ailes (samares) en grappes pendantes.

Utilisation : très bon bois de chauffage

 

C. Autres espèces

Voir :

- Faune à La Forêt : https://villagelaforet.jimdo.com/faune/

- Flore à La Forêt : https://villagelaforet.jimdo.com/flore/



Pour après la promenade : la friterie 'Chez Adri'.



Les Oiseaux de La Forêt (1) - La première affiche réalisée par le projet 'Protégeons le caractère forestier de La Forêt'. Pour se procurer cette belle affiche sur format A3, contactez-nous : villagelaforet@outlook.com



Le jour après : encore quelques frites et mégots de cigarettes à ramasser.



Guide Nature : Angélique Arys - Guide Histoire : Marleen Sleutel 

Textes : Angélique Arys, Marleen Sleutel, André Van Bosbeke

Photos : Christiane Chermanne, Marc Meert, Marleen Sleutel, André van Bosbeke