Une monnaie locale pour notre territoire ?

Une interview (publiée 21 mars 2018)


 Dans le monde on estime à plus de 2500 le nombre de monnaies locales ou complémentaires. Dans plus en plus de villes, communes et régions en Wallonie une monnaie locale est utilisée pour stimuler l’économie locale.

Ce vendredi 23 mars le Collectif Autre Société présentera au Centre Culturel de Philippeville le projet "Une monnaie locale sur notre territoire ?"

À cette occasion, voici une interview avec Karl Bondroit (KB), chef de projet du PCS de Philippeville et membre du Collectif Autre Société.

Un Valeureux - monnaie locale à Liège.

 

- Tout d’abord, pourriez-vous nous introduire le Collectif Autre Société ? Un peu d’histoire. 

KB : L’idée de réfléchir à la création d’une monnaie citoyenne et complémentaire sur notre territoire a pour origine le groupe de travail « Autre société » initié dans le cadre du groupe emploi de la plateforme santé du sud de l’Entre-Sambre et Meuse. Ses membres ont réalisé durant deux ans un travail exploratoire. Nombreuses lectures, entretiens, interviews, rencontrent ont amené les membres de ce groupe à mieux cerner les enjeux et les avantages de la création d’une telle monnaie. Ce groupe ne souhaite néanmoins pas porter seul ce processus. Il s’agit d’une monnaie avant tout citoyenne et donc reposant sur la volonté et le dynamisme des habitants du territoire. L’objectif ultime de la soirée du 23 mars est donc de mettre en place le groupe porteur qui s’attèlera à la création de cette monnaie.          

 

- Quel est le territoire envisagé par le Collectif ?

 KB : Aucun territoire n’a à ce jour été défini. Cette décision appartiendra aux membres du groupe porteur. 

Le Ropi - monnaie locale à Mons.

 

- Une monnaie locale est un outil de promotion de l’économie locale.

KB : La monnaie locale peut avoir beaucoup d’objectifs (sociales, écologiques) mais c’est tout d’abord un outil visant à soutenir l’économie locale.

Cette monnaie ne sera utilisée que sur un territoire donné. Ses utilisateurs seront donc ‘’obligés’’ de dépenser dans le réseau. Cela va accroître la vitesse des échanges entre les producteurs, les fournisseurs et/ou les consommateurs appartenant au réseau. L’épargne et la spéculation financières vont être empêchés ce qui va permettre une redynamisation de l’économie locale.

En utilisant une monnaie locale, on saura favoriser fiscalement des comportements/pratiques de consommation que le Groupe Porteur envisage, c’est-à-dire encourager la consommation locale, favoriser le commerce de proximité, les comportements écologiques, etc.

En outre, les fuites seront évitées et le profit sera réinvesti sur notre territoire.

On voit cette initiative comme un outil pour combattre les effets négatifs de la mondialisation. Les petits commerçants qui soutiennent activement l’économie locale doivent faire face aux commerçants des grandes surfaces qui ont la possibilité de réduire facilement le coût de production grâce à leurs chaines de production (ils ont la possibilité de produire ailleurs où les salaires sont moins élevés, la matière première moins chère, les taxes moins importantes, ils ne sont pas pénalisés pour le non-respect de la nature, etc.).

Il ne faut pas confondre cette initiative avec le protectionnisme, on est loin de cela. La monnaie locale est complémentaire à l’Euro. Cela donne la possibilité aux acteurs territoriaux de choisir s’ils veulent ou non appartenir au réseau, s’ils veulent soutenir l’économie locale et dans quelle mesure.

Comme mentionné précédemment, outre les raisons économiques, cette monnaie a également des objectifs sociaux et écologiques non-négligeable :

Sociales

Economiques

Ecologiques

Renforcer la cohésion sociale en améliorant l’accès aux droits fondamentaux

Soutenir le commerce local, de proximité en évitant les fuites de capital – réinvestir le profit sur le notre territoire

La monnaie locale peut constituer un outil pour encourager la consommation durable

Favoriser le développement durable – la confluence de trois piliers : économique, social et écologique

Dynamiser l’économie locale en renforçant des circuits courts entre les producteurs et les consommateurs

L’économie locale est plus écologique que les grandes chaines de production (transport, l’utilisation d’énergie renouvelable …)

Renforcer l’apprentissage mutuel en constituant un groupe de travail mixte (secteur public, privé, associatif, citoyens)

S’approvisionner chez des fournisseurs appartenant au réseau

Elle offre la possibilité d’orienter les consommateurs vers des acteurs plus respectueux de l’environnement 

Renforcer l’identité d’un lieu (la commune de Philippeville)

Améliorer le bien-être dans une région

La possibilité d’utiliser la monnaie locale comme une récompense pour un comportement plus respectueux, plus écologiques

Apporter un soutien financier aux associations locales

Créer d’emploi

Favoriser les producteurs bio, artisanaux, les productions locales et de saison 

Développer les relations intergénérationnelles 

Augmenter le pouvoir d’achat

 

 

Le Blé - monnaie locale à Grez-Doiceau.

 

- Comment pensez-vous convaincre à mobiliser les producteurs locaux, des commerces de proximité, des prestataires de services, des fournisseurs ?

KB : Les commerçants de Philippeville ont reçu une invitation à participer à la rencontre de vendredi. Les motiver sera un travail quotidien porté par le groupe citoyen.

 

- Le vendredi 23 prochain le projet monnaie locale va être présenter au grand public. Quel est l’objectif de cette soirée ? Quelles démarches à prendre après ?

KB : L’objectif premier de cette soirée est d’expliquer aux participants le fonctionnement et les vertus d’une monnaie locale.

L’objectif secondaire de la soirée est d’identifier le Groupe Porteur de cette initiative, les acteurs potentiels (secteur public, privé, associatif, les citoyens) qui s’attèleront à la mise en place d’un tel système et, bien évidemment, assurer le bon fonctionnement de la monnaie locale.

 



Monnaie local en Angleterre : le Brixton Pound.

AvB