Atrocités allemandes au début de la Grande Guerre tout près de chez nous.

24, 25 & 26 aoùt 1914

 

Le 24, 25 et 26 aoùt 1914 la 23e division de réserve de l’Empire allemand arrive à Neuville (1). Les troupes allemands commettent “crime sur crime envers les populations civiles”: “incendies, destructions, vols, et, surtout, assassinats de femmes, d’enfants et de veillards innocents” (2). À Neuville trois gens furent tués et seize maisons incendiées (2).

 

Voici un extrait du Cahier n° 8 sur l’invasion allemande dans l’entité de Philippeville, publié en 1994 par le Musée de Cerfontaine (3). Le texte de ce cahier est à son tour un extrait d’un ouvrage intitulé: “Documents pour servir à l’histoire de l’invasion allemande dans les Provinces de Namur et de Luxembourg”,  (Bruxelles & Paris, Van Oest & Cie, 1923).

 

“Lorsque la 23e division de réserve arriva à hauteur de Neuville et de Samart, elle subit quelques coups de feu de la part de soldats belges surpris dans leur retraite. Par mesure de représailles, le feu fut mis à plusieurs maisons espacées le long de la route qui, à la lisière du bois de Senzeilles, gagne Mariembourg.

Le lendemain matin, 26 aoùt, deux habitants du village et un malheureux soldat belge, quittant une retraite sûre qu’ils occupaient dans la forêt, furent surpris par les troupes qui continuaient à passer et furent fusillés. Le feu fut remis à plusieurs maisons qui bordent la grand’route; le chiffre total des incendies s’élève à seize. Voici le détail de ces faits, ainsi que nous l’ont transmis le bourgmèstre de Neuville, M. Alexandre Mousty, et le curé, M. l’Abbé Guyaux.”


Aoùt 1914 à Surice. Gravure E. Schmit (?). D’après L.C.M. d’Ars, 1919, La Belgique héroïque et martyre. (Source: Chroniques de l’Écomusée du Virion, N° 50, 2014, p. 10.)

“Neuville reçut le 14 aoùt les premiers Français, artilleurs, puis zouaves. Le 23 et le 24 aoùt, les routes et les campagnes furent encombrées de fuyards. Les derniers Français quittèrent Neuville et Samart dans la sinistre nuit du 24 au 25 aoùt, durant laquelle le rougeoiement des incendies voisins augmenta la terreur des quatre familles restées au village.”

”Leur façon de faire la guerre“ - L’Illustration, 29 août 1914  - Auteur : Georges Scott (1873-1943).


“Les Allemands arrivèrent le 25 au matin. A 8h30, à la limite des paroisses de Philippeville et de Neuville, ils incendièrent la maison d’Eugène Fooz et tuèrent devant elle Jacques Genetelli, …

A l’endroit où la grand’route est traversée par le chemin qui mène à Roly par le bois de Samart, ils mirent le feu à la maison d’Alfred Benoît, à 10 heures. Vingt-cinq maisons de la paroisse s’échelonnent ensuite le long de la grand’route de Mariembourg, sur une distance de 4 à 5 kilomètres. C’est là surtout qu’il y eut du désastre. Comme l’ennemi était arrivé au milieu de la côte de l’Haie Thomas, il se heurta à quelques soldats belges cachés dans le bois, qui tirèrent sur lui; deux de ces derniers tombèrent à l’endroit même, avec un soldat allemand.

Arrivés au sommet de la côte, ils mitraillèrent la maison d’Octave Renauld. A 10h30, ils envahirent la ferme de Pierre Gobillon-Piette, au lieu-dit La Frisette; ils y enlevèrent quatre chevaux, qu’ils attelèrent à un chariot chargé de céréales, et ils décapitèrent sur place trois veaux et un porc. Arrivés devant la maison de M. Baudouin Patron, ils firent sortir Eugène Fooz et Ida Patron, prétendant que ceux-ci avaient tiré. A ce moment, brûlaient à proximité la ferme de Mme veuve Brogniet et les maisons Laffineur et Robert. Il était 13h30.”


“Le 26 à 3h30 du matin, Paulin Gobillon, 30 ans, et Etienne Patron, 20 ans, de Neuville, quittèrent le bois proche de la gare de Neuville-Sud où ils avaient passé la nuit, pour aller soigner leur bétail. Les troupes, dont le défilé se poursuivait sans répit, les surprirent, ainsi qu’un soldat belge qui les accompagnait, Emile Lefebvre, de Diest, du régiment des chasseurs. Quelques heures après, on les retrouva tués à 50 mètres au-delà du pont de Grand-Mont. Paulin Gobillon avait reçu trois balles au front, une à l’oeil et cinq dans la poitrine; Etienne Patron avait une balle à l’oeil, une à la joue, plusieurs dans la poitrine. Les réfugiés entendirent, du bois, la fusillade et virent incendier les maisons Julien Leroy, Antoine Simon, Paulin Gobillon (écurie et grange), Antoine Malherbe, Julien Demeure, Louis Baudoux, Aimé Gérard, Maloteaux, et Jamain (deux maisons). Pierre Villatte inhuma les trois victimes dans l’après-midi du 26.”(4)


JoMa



(1) Lisez plus sur la 23e division de réserve de l’Empire allemand: Wikipedia.

(2) L’invasion allemande de 1914 dans l’entité de Philippeville (24,25 et 26 aoùt), Jean Schmitz et Norbert Nieuwland,  Cahier d’Entre-Sambre-et-Meuse n° 8, p. 1, Musée de Cerfontaine 1994.

(3) L’invasion allemande de 1914 dans l’entité de Philippeville (24,25 et 26 aoùt), Jean Schmitz et Norbert Nieuwland,  Cahier d’Entre-Sambre-et-Meuse n° 8,  Musée de Cerfontaine 1994.

(4) Texte reproduit avec l’autorisation de Monsieur André Lépine, conservateur de la Musée de Cerfontaine.